Dès le départ de ce projet, je savais que je me ferai le chantre des méthodes coopératives. J’ai suffisamment traité de ce sujet dans les organisations pour griffonner en quelques minutes sur le papier sa mécanique appliquée à la politique.
Au lieu de ça quand je me mets au stylo, des questions engendrent des questions et je me noie comme à chaque épisode.
Le plus difficile à avouer est que mes questions font ressortir mon envie de contrôle et mon manque de confiance. Si nous trouvions un système qui représente, au citoyen près, la somme de nos envies pour le collectif, suis-je prête à entendre le son de notre voix commune ?
Je crois qu’il faut que j’aille explorer le domaine de la justice pour peut-être trouver des réponses. Chaque civilisation a ses codes moraux. Sont-ils nécessaires ? Comment les choisit-on ? Comment les assimile-t-on ? Comment évoluent-ils ? Est-ce la morale qui est à la base de la justice ?
Je trouve que l’on étouffe sous les règles. Il y a deux ans j’étais en Georgie, dans le Caucase. Un ami qui construit de fabuleuses aires de jeux pour les enfants me disait qu’il ne pourrait pas vivre en Europe à cause de ces innombrables réglementations. On se protège de tout et j’ai parfois l’impression que chaque incident devient une lutte, une nouvelle règle.
Et pourtant j’aspire à vivre en sécurité. Y-a-t-il d’autres moyens d’assurer la sécurité de chacun ? De quoi avons-nous besoin de nous protéger ?
Une des clés réside pour moi dans l’éducation et la diversité. Apprendre à comprendre l’autre, à communiquer, à s’entraider. Faire des ponts entre les générations, les cultures dès le plus jeune age. Aimer la différence. Est-ce vraiment suffisant ?
Dans une lointaine interview, Jacques Lecomte m’avait parlé de la justice restauratrice.
Me voilà à nouveau à dériver d’un sujet à l’autre, et c’est toute ma difficulté à creuser un sujet car je n’ai pas de méthode pour aborder cette folie de vouloir construire une Utopie.
Cela se ressent dans les interviews et pourtant Fabrice Liut qui répond aujourd’hui à mes questions a bien tenu la barre. Designer, facilitateur de transformation des organisations et fondateur du comptoir, Fabrice a réfléchit à un système d’intelligence collective appliqué à la démocratie.
Il nous faudrait des laboratoires territoriaux pour expérimenter ces ébauches. D’ailleurs certains mettent déjà en œuvre leurs idées puisque j’ai rencontré il y a quelques années Vincent et Tristan, au conseil municipal de Saillans, où les habitants ont mis en place une gestion collégiale de la ville. D’autres initiatives concrètes existent et pourraient bénéficier par leur expérience au commun.
D’autres parlent de démocratie directe ou de démocratie liquide.
Et je replonge dans mon abîme. Comment une ou plusieurs personnes peuvent avoir une vue d’ensemble de la complexité de notre civilisation ? Il faudrait créer des groupes aux méthodes agiles avec des boucles de rétroaction pour tester les différentes théories.
Moi présidente, je donnerai carte blanche à de petits territoires pour tester différents systèmes. Le reste du territoire serait garant de l’entraide et du repêchage en cas de noyade. S’ils trouvent et réussissent, nous en bénéficierons tous.
Références citées dans ce podcast :
- Bright Mirror de Usbek et Rica
- L’institut des futurs souhaitables
- Interview de Yanis Varoufakis
La musique du podcast : The Jam – Miles Stone – General Fuzz