Joyeux Noël.
Je suis d’origine bretonne et dans la maison familiale, comme s’en était éberlué un ami de mon frère, toutes les pièces abritent un Christ pendu à sa croix. La Bretagne est une terre catholique jonchée de calvaires, églises et chapelles.
Petite, toute petite par un concours de circonstances, j’ai décrété que Dieu n’existait pas. Messe, catéchisme, communions, rien n’y a fait, je n’y croyais pas.
Sans confession, j’ai cependant toujours respecté les croyants. Un train, un signe religieux autour du cou et me voilà sur vos genoux à vous demander d’où vous vient votre foi. Drôle d’athée que cette jeune fille qui courre après les mains de Fatima et les kippas.
Alors en ce jour de fête chrétienne, j’ai envie d’entamer une série d’articles sur le bonheur au travers des religions et l’occasion m’en a été donnée.
Alors que j’avais décidé de rentrer de la rive gauche jusqu’à chez moi à pied pour me laisser promener par les petites rues de Paris, je vois dans une vitrine un cadeau idéal pour mon oncle très pieux. Je devais attendre que l’on emballe mes présents. Je me ballade dans les rayons de la librairie catholique et Augustin me fait de l’œil. « De beata Vita », « La vie heureuse » écrit cinq ans avant qu’il ne soit ordonné prêtre. Il avait 32 ans, presque mon âge. La quatrième de couverture dit « s’il est une question qui parcourt comme un fil rouge toute l’oeuvre d’augustin, c’est celle du bonheur, ou plutôt du désir de bonheur.” Un obsédé du Bonheur, comme moi, qu’a-t-il découvert? Edition bilingue latin, malgré les stigmates des classes de latin, j’achète.
Pour Augustin tous les hommes veulent être heureux: ‘Omnium certa sententia est, qui ratione quoquo modo uti possunt, beatos esse omnes homines velle.’ On sort sa grammaire latine! Y a pas de raisons qu’il n’y ait que moi qui trinque.
La vie heureuse c’est comme lire des mathématiques du Bonheur. Augustin a à sa table amis et famille et déconstruit, reconstruit le Bonheur.
“Qui a dieu est heureux”. Voilà un constat sur lequel les invités sont d’accord, le biais étant que tous les invités semblent croyants! Puis par une série de questions, Augustin mène ses convives vers des réponses qui semblent de plus en plus complexes pour pouvoir couvrir tous les cas particuliers. De là il revient vers une synthèse qu’il tient en ces mots:
“ Etre heureux n’est donc rien d’autre que ne pas être dans l’indigence, c’est à dire être sage.” La sagesse “n’est en effet rien d’autre que la mesure de l’esprit, c’est à dire ce par quoi l’esprit se tient en équilibre pour qu’il ne verse pas dans le trop ni ne se réduise en deçà du plein. Or il verse dans la luxure, le pouvoir, l’orgueil et toutes autres choses de ce genre par quoi les esprits des intempérants et des malheureux croient se procurer joie et puissance. Or il se réduit par les bassesses, les peurs, la tristesse, la cupidité et toutes autres choses, quelles qu’elles soient, du fait desquelles les malheureux mêmes avouent que les hommes sont malheureux. »… « A donc sa propre mesure, c’est à dire la sagesse, quiconque est heureux. »
Et pour Augustin cette sagesse est guidée par Dieu : « Tel est donc l’entier rassasiement des esprits, c’est à dire la vie heureuse : connaître pieusement et parfaitement par qui l’on est conduit à la vérité, de quelle vérité l’on jouit complètement, par quoi l’on est rattaché à la mesure suprême. »
Je n’aurais sûrement jamais lu Augustin si ce n’avait été pour le bonheur. Les tournures de phrases, le mode de pensée… c’est étonnant comme l’écriture peut nous faire voyager dans le temps. J’ai diné à la table italienne d’Augustin.
Je vous livre également quelques citations choisies par Augustin tout au long de l’ouvrage:
“Ce que tu peux éviter, il est sot de l’accepter” Térence, l’Eunuque, 761
“ Puisque ne peut être fait ce que tu veux, veuille ce que tu peux.” Térence Andrienne 305-306
“Ce qui est utile avant tout dans la vie, c’est qu’il n’y ait rien de trop.” Térence, Andrienne 61
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Omnium certa sententia est, qui ratione quoquo modo uti possunt, beatos esse omnes homines velle.
Pour les incultes lecteurs de ce site:
Omnium ce sont les oignons, serta sententia dont certains sentent.
quoquo c’est quasi en latin, beatos, c’est l’ancien nom commercial des mentos
En gros la traduction donne :
la ration de quasimodo contenant une omelette aux oignons de la veille, le pousse à avaler un mentos.
On l’aura compris, même les rustres de l’époque, avait compris que, la répulsion de gente féminine pour les haleines fétides, constituait un handicap à l’ingestion de certains aliments.
Je ne vois pas bien le rapport avec le bonheur mais bon …
Elle devait bien se marrer ta prof de latin en corrigeant tes copies :)))