Regardez au fin fond de l’univers, là ou les supernovas engloutissent mais aussi créent les éléments chimiques qui composent notre univers.
Certains regardent le monde avec les yeux de l’implacable logique mathématique. Georg Cantor y a perdu sa sanité en ouvrant la porte des infinis. Il est dur pour moi de comprendre comment on peut lire, écouter, voir à travers les mathématiques, un langage pour interpréter l’univers que nous vivons. Comprendre en ordonnant en lignes, formules, sigles, chiffres. Un exercice de l’esprit qui veut comprendre ce monde rationnellement. Cantor qui était surement un homme d’une intelligence rare a été déstabilisé par ses propres découvertes. Il a voyagé dans des paysages inconnus, d’un infini à un infini plus grand.
S = k ln W
Cette équation a également exploré les limites de notre intellect et du rationnel. Boltzman a ébranlé les certitudes de la physique en mettant l’accent sur la probabilité. La graine de l’incertain en physique était plantée… Arroser et observer.
Un botaniste observe. Il observe au microscope du pollen qui danse saupoudré sur de l’eau. Mais pourquoi le pollen danse-t-il comme s’il était vivant ? Ce n’est que bien plus tard qu’Einstein l’expliqua. Le grain de pollen danse poussé par de petites particules, ridiculement petites. L’atome.
C’est au tour de Rutherford d’aller plus loin dans infiniment petit. Grâce à son intuition, Ernest Rutherford a découvert que l’atome était essentiellement du vide. Et oui, quand une feuille d’or est bombardée par des émissions radioactives de radium certains rayons ricochent. Seulement certains ricochent parce que ce petit nombre de rayons seulement a touché la matière de l’atome, le nucléon, 10000 fois plus petit que l’atome. Mais comme les strates n’en finissent jamais, tous les scientifiques du monde planchent où regardent la révolution faire son œuvre. Le proton, les neutrons, le quark, le nuage de particules fantôme… Toujours plus bas, plus profond dans la matière. Les Christophe Colomb de la science vont trouver leur chemin vers l’Inde mais quelle Amérique trouveront-ils ?
Nous vivons dans une soupe de particules, que la brique constituante soit les quark ou des filaments vibrants. Une soupe d’infinis, là haut dans les étoiles, ici dans les mathématiques ou dans l’infiniment petit. Partout où je regarde, l’infini des possibilités, l’infini des expériences, l’infini des rêves. L’infini.
Sénégal, Guatemala, Maroc, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Pakistan, Malaisie, Chine, Inde, Laos… j’ai voyagé. Tantôt serveuse, tantôt enseignante, j’ai voyagé dans différentes vies. Peu importe le pays, la culture, peu importe l’histoire, un manteau de traditions, de croyances face à mes croyances, mes traditions. Où est le vrai, où est le sincère, le soi ?
A quoi ressemble mon manteau ? J’ai découvert l’histoire de ma famille et comment elle pouvait me pousser à faire des choix de loyauté plutôt que de bonheur. Vous êtes lié à la façon dont vous avez été éduqué, et à celle dont vos parents ont été élevés. La famille vous passe le flambeau pour aborder ce monde avec l’écusson, le trésor et le fardeau de la lignée.
Mais allégeons l’écriture tout de suite.
Le bonheur est la capacité à expérimenter chaque moment comme une chance unique dans l’infini. Alors oui, il peut y avoir des moments difficiles à vivre mais mon bonheur est là, j’ai confiance dans ma capacité à faire les bons choix parce qu’il n’y a pas de bons ou mauvais choix. Quoique je vive, l’important est que chaque moment me permette de me rapprocher de qui je suis vraiment, enfin sincère avec moi-même.
Le bonheur pour moi englobe la liberté, la vérité, l’amour, la joie.
Alors si ces mots sont mes valeurs et sûrement mes aspirations, le bonheur s’expérimente chaque jour de plus en plus.
Beau texte Joanna 🙂
Mettre des mots, une expression de son ressenti est des plus compliqués surtout lorsque c’est dit avec intelligence et sagesse. Bravo.
Merci à tous les deux 🙂
Hello there 😉
Je me permet de vous poser une question Joanna =)
Je suis actuellement en débat avec de nombreuses personnes qui estiment stupide de vouloir un bonheur personnel au détriment des autres, d’autrui, en somme.
Cependant, ce bonheur que je recherche, on dira cela comma ça … Ne m’est pas accessible, et vos recherches, aussi intéressantes soient-elles ne permettent pas de m’aider.
J’aurais par conséquent voulu savoir ce que vous pensiez du bonheur ayant pour thème » l’amour »
Que pensez vous des personnes souhaitant mettre fin à leur vie par exemple pour des problèmes d’amour ( je déteste ce mot ). Dans la mesure ou leur bonheur ne se constitue que de cet amour ?? Je demande bien entendu que vous fassiez abstraction des autres catégories, je me fiche éperdument des catégories, famille, amis ou études. Je souhaite vraiment faire abstraction de ça, en ne se basant que sur l’amour .
Il est clair que je ne suis bien actuellement pour mon cas que dans une seule catégorie.
Que pensez vous du bonheur constitué QUE d’amour ?? Tout en considérant que chacun est maître de son corps, que pensez vous des suicidaires qui ne peuvent pas vivre » sans elle » ?
J’attends votre réponse avec impatiente, je la préfèrerais bien rédigée si vous en avez le temps, plutôt que » c’est vrai, c’est faux »
Croyez l’attention toute particulière que je porte à votre article et à votre personne même.
Je reste disponible pour toute autre question.
Alex
Mon cher Alex,
Merci pour ton message, je suis très touchée à plus d’un titre.
Je me suis longtemps définit comme une handicapée de l’amour et ce sujet est au cœur de ma réflexion sur le bonheur même si je n’en parle pas encore sur ce blog.
Laisse moi me dévoiler un peu ici.
Ton prénom me fait trembler car j’ai été longtemps transie d’amour pour un homme prénommé Alex. Aujourd’hui, grâce à ma relation avec lui et mon cheminement plus récent, je crois y voir de plus en plus clair.
Je me souviens par bribe des obsessions, des souffrances, de la vénération… comment pouvait-il ne pas m’aimer quand je ressentais l’amour si fortement ? Plus rien ne comptait d’autre. Il était dans TOUS mes rêves, inaccessible. Torturée le jour, torturée la nuit. Torturée car dès notre première rencontre, il s’est installé au centre de mes pensées.
Pour lui, ce n’était pas l’amour et pourtant j’avais une place très privilégiée dans sa vie. J’étais et je suis toujours quelqu’un qui compte pour lui. Ca ne faisait qu’alimenter mon désarroi.
Aujourd’hui j’aime toujours Alex mais j’ai découvert un champ immense d’amour en moi. Alex n’est pas mon amour. Alex est l’homme sur qui se pose l’amour qui est en moi. Si mon regard voyage, mon amour voyage avec moi. Mon amour et mon bonheur ne sont plus conditionnés par lui, mon patron, mon amie, mes parents, mon frère… Mon amour commence par l’amour de moi puis déborde vers les autres. Si Alex ou un autre, une autre ne m’aime pas, je le respecte, c’est sa vérité mais ça ne définit pas qui je suis ou ce que je vaux. L’amour n’est pas un sentiment qui se dicte ou qui cherche le contrôle.
Je n’ai pour ma part jamais vécu l’amour en couple partagé et épanoui mais mes expériences me permettent d’affiner ce que je cherche. Je suis le bonheur et l’amour et je partage qui je suis avec d’autres qui eux aussi expérimentent qui ils sont.
Tu me fais me dévoiler un peu plus tôt que je n’aurais voulu car je suis encore une théoricienne de l’amour amoureux. Je crois que le couple est la rencontre de deux envies. Le couple n’est pas la fusion de deux être en un. Je crois que le couple est le partage d’instants successifs sans aucune assurance que le prochain se vivra à deux. Je crois à la liberté engagée, libre d’être soi avec l’envie de partager sa découverte du monde avec l’autre, entièrement investi. Je vois dans le couple un espace d’exploration de soi, de l’autre.
L’amour est sûrement la clé du bonheur, de la spiritualité mais je pense que pour le vivre véritablement, il faut se libérer des chaines de l’attachement qui peut être aisément confondu avec l’amour. L’amour est en moi et quand il se porte sur une personne, je savoure le moment qui peut être plus ou moins long. Plus il est long et plus je peux approfondir. Mais mon amour n’est pas l’objet de mon amour, si cette personne s’absente ou part, mon amour est toujours là.
Tu dis: “Que pensez vous du bonheur constitué QUE d’amour ??”
Je te dirais que je pense que le Bonheur n’est constitué QUE d’amour… de soi qui ouvre ensuite la porte sur l’amour de l’autre.
Tu dis: “Tout en considérant que chacun est maître de son corps, que pensez vous des suicidaires qui ne peuvent pas vivre » sans elle » ?”
Il y a un peu plus de dix ans, j’ai perdu le gout de la vie. Perdu le gout de sortir, de marcher, de manger, de me lever, de penser. Plus que perdu le gout, j’ai ressenti le dégoût de sortir, de marcher, de me lever, de ne pas me lever. Le dégoût de penser, de ne pas penser. Le dégoût, le pas de gout. Seule une pensée me soulageait, que ça s’arrête. J’étais seule, enfermée dans ma tête. Personne ne pouvait voir, personne ne pouvait démêler les fils de mes pensées sombres. Le monde, les gens n’avaient pas de sens pour moi. Je sombrais, je me laissais peu à peu plonger dans la noirceur, le vide, le sans fond. Je disparaissais. Mon esprit un jour a crié au secours et j’ai réussis à exprimer ma détresse à un proche, à un autre bateau qui prenait l’eau et j’ai du très vite me rendre à l’évidence: j’étais seule. Je me suis requinquée en me disant qu’il fallait que je m’en sorte seule mais peu à peu, la bête noire m’a rétraînée lentement dans les abimes et j’ai plongé. Je pensais que j’allais mourir là dans l’absence d’envie.
Pour répondre à ta question je crois que je peux comprendre que parfois quand l’esprit s’embourbe, on ne puisse plus voir d’autre voie. C’est un des apprentissages les plus importants que j’ai fait de ma vie, c’est que je peux me dégager d’une vision, d’une croyance pour envisager le même fait, la même situation sous un autre angle. Plus de dix ans après, je comprends que j’ai pu me sentir ainsi et j’ai de la compassion pour la jeune femme que j’étais. C’est comme si d’où je suis maintenant je peux me voir jeune avec un cône de vision restreint par les croyances que j’avais à l’époque. J’interprétais le monde avec ce dont je disposais à ce moment là. Je suis tellement heureuse de vivre aujourd’hui que cet autre moi est vraiment autre. Elle est le terreau de ce que je suis aujourd’hui. Et demain, mes croyances, ma vision auront encore évolué et façonneront la façon de je perçoit la réalité.
Ma réponse ne parle que de mon expérience face à l’envie de mourir mais pas au « sans elle » parce que même si j’ai déjà ressenti mes entrailles se déchirer à l’idée de vivre sans lui, je n’ai jamais été confrontée à ça.
Pour synthétiser, le bonheur vient d’une source à l’intérieur de soi comme l’amour. Faire dépendre le bonheur (ou l’amour) d’une personne, d’un événement, d’une condition extérieure est une croyance qui peut engendrer beaucoup de souffrance.
Tu dis: “Je suis actuellement en débat avec de nombreuses personnes qui estiment stupide de vouloir un bonheur personnel au détriment des autres, d’autrui, en somme. »
Qu’as tu voulu dire par cette phrase ?
Encore un grand merci pour ton message qui m’a fait fouiller au fond de moi et j’espère que ma réponse est suffisamment « bien rédigée » pour toi 😉
Joanna
Votre réponse est parfaite en somme, je n’en attendait pas tant ! 🙂
Par la phrase que vous n’avez pas compris, je ne parle pas vraiment du bonheur, mes propos sont contradictoires quelque part mais, je sous-entendait par » bonheur personnel » le suicide, l’envie d’en finir.
Quand il devient impossible de la retirer de ses pensées malgré un « non » catégorique, belle fille qui reste amie néanmoins, cela m’est inconcevable.
J’assimile le « bonheur » au suicide dans la mesure ou après, se serait la fin des questions, la fin de cette torture intérieure qui ne demande qu’à se terminer.
Là ou je parle d’autrui, je parle essentiellement des amis ou des proches en général. On me dit » égoïste » de vouloir en finir, en me harcelant de » penses aux autres » ou encore » qu’est-ce que ***** va penser ? » penses à la culpabilité des autres qui se penserons responsables » …
Là ou je demandais votre point de vue, c’était quant à cet égoïsme que l’on m’attribue. Mon bonheur serait d’en finir => les conséquences sur mes amis ou autre seraient peut-être de la culpabilité, ou de la tristesse, ( on ne sait jamais ).
Je demande donc quel bonheur je devrais privilégier, le mien et les possibles conséquences sur les « autres » OU la « satisfaction » des autres face à une torture qui ne cesse de s’amplifier …
Et, concernant votre rédaction, se serait illogique de critiquer, surtout venant d’un élève de première, elle est parfaite, et même en langage SMS, elle l’aurait été tout autant.
Merci encore pour votre attention, Alex =)
Coucou Alex,
Je comprends entièrement que ton entourage essaye de te dissuader par tous les moyens de te suicider. Tu en ferais sûrement autant si tu voyais les bons coté de la vie et qu’il y avait prêt de toi un ami, un frère qui souffre au point de vouloir en finir.
Par contre je crois que l’important est que tu arrives à te reconnecter avec les merveilles du monde POUR TOI. En ça on peut le voir comme une forme d’égoïsme car cette vie que tu expérimentes avec ses joies (car je ne doutes pas que tu en aies eu) et ses souffrances t’appartient.
Je vois la vie comme un grand jeu d’expérimentation et la souffrance en fait parti. La traverser et en ressortir grandi, apprendre grâce à ses émotions va te permettre de grandir et d’être de plus en plus heureux. Mais ça, quand on est au milieu de la souffrance, c’est très difficile de le comprendre, de le voir. A toi de bien tenir la barre de ton bateau pour traverser la tempête.
Tes émotions qui provoquent tes souffrances qui te paraissent si intolérables rendent ton monde invivable et pourtant elles sont tes plus fidèles alliées. Elles se déchainent parce que tu ne les écoutes peut être pas suffisamment donc elles crient plus fort. Mais tout ça on ne nous l’apprend pas donc c’est à toi d’être plus doux avec toi-même, de prendre soin de toi.
Tu es le seul à savoir.
Nourris toi des expériences des autres autour de toi, sur internet ou à la télé, ECOUTE et commence à observer tes émotions. Les émotions sont comme des vibrations qui vont et qui viennent. Aujourd’hui souffrance, demain joie et rire même si ça te parait impossible c’est pourtant inévitable.
Je te souhaite de pouvoir apaiser ton cœur car demain tu te remercieras d’avoir enduré ces souffrances, elles vont t’ouvrir de nouvelles portes.
Prends bien soin de toi et de tes proches
Joanna
Je ne sais que dire …
J’apprécie énormément l’attention que vous me portez. Néanmoins, cela reste relativement dur, pas à croire, mais à approuver ce que vous me dites, peut-être cela viendrait du fait que c’est moi qui endure cette situation.
Je comprends tout à fait vos arguments, cela m’est juste dur à avouer je pense.
Quoi qu’il en soit, je vous remercie encore une fois pour votre avis.
Take care, Alex
Bravo Joanna pour ce texte magnifique, d’une très grande poésie. Un hymne à la vie que beaucoup devraient lire !
Et puis, voilà que je lis les commentaires et que j’y trouve une deuxième pépite sur la vie et son apprentissage… encore un autre texte à faire découvrir. 🙂
Merci, sincèrement !
Merci Jean-Philippe pour ce gentil commentaire. ありがとう
Très joliment écrit. Je me dit souvent que le bonheur peut être ce qu’il veut, poétique pour certains, émotionnel pour d’autres, parfois stable et rassurant, parfois basé sur d’incessants changements, peu importe dans le fond. Du moment que vous êtes heureux, choisissez le bonheur qui vous plait. Bonne chance pour la suite!
Etre heureux est sûrement un choix et son habit est changeant. Merci pour ton message.
C’est beau ce texte. Merci. J’ai adoré la phrase suivante : Les Christophe Colomb de la science vont trouver leur chemin vers l’Inde mais quelle Amérique trouveront-ils ?
Jonathan
Merci 🙂 En fait quand j’ai publié ce texte il était sur mon ordinateur depuis un bail, oublié là. J’ai été contente de le redécouvrir.
Félicitations Joanna !
Une dose de poésie, quelques cuillères de références physiques et on obtient une leçon de bonheur. Très beau texte.
Merci Guillaume 🙂
Toujours aussi agréable et apaisant de te lire! ( souvent le soir avant de dormir je le confesse 🙂 ) Muchos besos