L’obligation au bonheur.
Harcelé par le bonheur, ça suffit. On nous tyrannise. Laissez moi être malheureux. J’ai le droit à la tronche, la grimace, la colère. On m’empêche, il faudrait que je mette mon masque tout sourire qui fait peur, qui me fait peur.
Y en a ras le bol du bonheur, des gros titres sur les couvertures, des 4par3. J’ai envie de vomir. Le bonheur, le bonheur, l’horreur!
Et puis le bonheur dés qu’on en parle, il est ailleurs. Lâchez-nous avec le bonheur. Moi le bonheur je le vis, les mots sont en trop.
L’obligation de se taire.
Il faudrait que l’on se taise parce que d’autres souffrent, parce que le bonheur est une arnaque commerciale, parce que le bonheur ça n’existe pas. Je rends hommage à tous ceux qui appellent le bonheur, à moi-même dans d’autres temps, à la souffrance qui m’a offert le contraste et l’envie de crier, de hurler, de badigeonner tout ce que je croise, de baver le bonheur partout. C’est crade le bonheur, ça énerve.
Quand je suis verte et complètement prise dans des émotions négatives et qu’une petite voie raisonnable vient me chuchoter « mais enfin Joanna , le bonheur : gratitude, ne pas se comparer, joie… tiens toi bien voyons », il m’agace aussi ce bonheur là, dicté. J’ai toujours eu 0 en dictée.
Le bonheur n’est pas raisonnable, il est intense, il bouillonne. Le bonheur c’est aimer la vie, la vie qui tangue, la vie en fond de cale parfois, aimer la folie, l’incongruité de cette vie. Le bonheur c’est croire que l’on peut tricoter point mousse, broder, et même filer. Le bonheur c’est aller au cœur des choses, comprendre de l’intérieur.
Alors oui la gratitude, pas comme un précepte religieux, mais comme une expérience, une fièvre. Oui, merci à la vie, merci aux regards croisés de me permettre d’explorer, d’être chaque jour surprise, émerveillée. Merci à ceux qui m’inspirent pour vivre, agir chaque jour avec plus de grâce.
Et merci à ceux que le bonheur agace, ils me permettent plus encore d’affiner ma réflexion, mes sensations, mes motivations à parler du bonheur.
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[…] This post was mentioned on Twitter by Dev Perso, Moodstep. Moodstep said: Ras le bol du bonheur! http://fb.me/z1dJ6KrI […]
Ha ! Merci de nous libérer du carcan du bonheur à tout prix! Cela nous change un peu des pubs en tout genre.
Mais je vois, à droite des pubs « De la vie heureuse de Sénèque », « Plaidoyer pour le bonheur », etc…la liste est trop longue.
Vous n’êtes donc pas un marchant de bonheur?
Y’a pas une contradiction là?
Hello Narf,
🙂 en fait ce discours sur la tyrannie du bonheur je l’entends régulièrement parce que ce blog est dédié au bonheur d’où la liste de bouquins sur le sujet. Je comprends et adhère à ce ras le bol quand le bonheur est vidé de son essence mais je revendique le droit de parler du bonheur, de le cultiver parce que ça fait du bien de partager sur le sujet. Désolée pour la confusion 😉
Je te taquinais Joanna! Maladroitement peut-être! Je suis aussi confuse que toi! Tu as vu, j’ai même fait un lapsus en écrivant marchand de bonheur! Marchant avec un « t »! Cela veut tout dire n’est-ce pas? Je te vois marcher vers le bonheur, c’est sûr! Et j’apprécie ta démarche! ^^
Le bonheur à tout prix ( ben oui, sûr, il a un prix!) on pourrait dire aussi le bonheur malgré tout!
Et puis , tu sais, les critiques que l’on ose adresser à l’Autre, sont toujours des critiques que l’on se fait à soi-même, plus ou moins inconsciemment. La preuve? J’ai commandé 4 bouquins de ta liste! J’espère que je ne vais pas le regretter! Mon compte en banque le regrette déja! Mais pas grave, j’assumerai…comme toujours. Jusqu’à présent j’y arrive! Tu m’as bien tentée !
En même temps, même si je le cherche ce bonheur, comme tout un chacun, j’étais heureuse et soulagée d’entendre qui crie « Marre!!! ». Parce que quand c’est obligé, automatique, cela ne m’intéresse plus bien sûr!
Je vais encore te conseiller un livre, au cas où tu ne leconnaîtrais pas, il vaut le détour: « Le bonheur désespérément » d’André Comte Sponville (à 2€).
Merci et bonne route à toi!
Nous sommes sur la même longueur d’onde. 🙂
Je l’ai pris au premier degré car il arrive que mon style d’écriture crée la confusion. Et comme je n’en fais qu’à ma tête, ou à mon inspiration…
Quand j’ai quitté mon dernier emploi il m’ont offert “Le bonheur désespérément”. J’ai une telle pile de bouquins que je ne l’ai pas encore lu. J’aimerais bien l’interviewer et vu la vitesse à laquelle vont les choses, je sens qu’il ne va pas tarder à apparaitre sur mon chemin 🙂
Bonne route à toi en espérant qu’en marchanT nous nous recroisions 🙂
annule et remplace le précédent (erreur de manipulation)
Bonjour Joanna,
Je voulais vous offrir cette chanson pour toujours garder la foi en la vie, en la nature, en la beauté, en l’homme.
Il y a toujours de façons de voir une même réalité, si elle est éclairée d’un côté, elle est forcément ombragée de l’autre.
C’est un choix de l’homme à poser de ne jamais oublier que les deux existent et que c’est justement parce que j’ai bien conscience de la noirceur du monde que je suis émerveillée d’être heureuse, justement parce que l’autre me rappelle que j’ai de la chance d’être optimiste et positive.
Ces réactions vives sont tout aussi porteuses d’enseignement que les événements douloureux dans la vie: ils nous acculent à affirmer notre choix, notre foi, au sens non religion ni théiste du terme, notre force de croire que notre vie a une signification profonde, ne serait-ce que celle d’apprendre à être capable de s’émerveiller d’un rien.
Oui le monde est plein de souffrances, d’horreurs et la souffrance des autres est intolérable à observer. Cependant, après avoir côtoyé beaucoup de personnes blessées et parfois torturées, parfois mourantes, je leur ai demandé si elles étaient heureuses et leur réponse était affirmative.
Nous avons tous cette lourde responsabilité de ne pas enfermer l’autre, souffrant, dans une indignité humaine avec notre pitié. Laissons l’autre décider, déterminer si, malgré ce qu’il vit, il est malheureux, plutôt que de l’étiqueter d’office. Écoutons ces personnes nous dire que tristesse et souffrance ne riment pas nécessairement avec désespoir et qu’elles nous rendent parfois même encore plus vivants et pleinement humains par le choix que nous pouvons poser de ne pas perdre notre liberté de sublimer la situation, donc d’être heureux.
Voici donc un hommage à votre envie de transmettre votre bonheur de vivre, par cette chanson de Moustaki, croyez-en vous, vous n’êtes pas seule :
http://www.youtube.com/watch?v=i73vawI4Zys
et puis pour finir, j’ai trouvé un poème sur le pardon qui me permet de rendre hommage à toutes ces personnes qui m’ont appris à être digne de mon humanité, c’est-à-dire, libre d’être heureuse et de croire que la vie l’emporte toujours:
« Ceux qui pardonnent sont les guérisseurs de l’humanité.
Plutôt que de ressasser l’offense ou le dommage, plutôt que de rêver de revanche ou de vengeance, ils arrêtent le mal à eux-mêmes…
Pardonner, c’est l’acte le plus puissant qu’il soit donné aux hommes d’accomplir.
L’événement qui aurait pu faire grandir la brutalité dans le monde sert à la croissance de l’amour.
Les êtres blessés qui pardonnent transforment leur propre blessure.
Ils guérissent, là où ils sont, la plaie qui défigure le visage de l’humanité depuis ses origines: la violence. »
Belle leçon mais je comprends la violence intérieure que l’on peut ressentir face aux actes presque inhumains et déshumanisants d’autrui. Cependant il est plus facile de pardonner à un autre homme car nous même savons que sommes imparfaits mais pardonner à la nature, à la vie, de nous faire souffrir, là c’est plus difficile… parce qu’il n’y a personne à blâmer.
Et pourtant, quel bonheur de vivre!
Bonne continuation dans vos projets.
Sophie